Chers lecteurs du journal
"Concorde", alors que l’éternel et traditionnel chant « Les
anges dans nos campagnes » orne déjà ou ornerons bientôt nos
fonds musicaux, et que les magasins spécialisés dans la
vente des jouets se multiplient et se perfectionnent pour
mieux "satisfaire" les attentes de nos enfants dont les
esprits sont tournés vers la descente du Père Noël, nous
vous proposons une petite réflexion pour mieux vivre
spirituellement l’incarnation du Fils qui vient prendre
place dans nos vies et dont les attitudes vont perturber nos
conceptions humaines. Cet événement de l’incarnation de Dieu
en notre humanité qui se manifeste dans le mouvement de Noël
à travers ce petit enfant emmailloté et couché dans la
mangeoire, nous donne déjà à comprendre qu’il sera le
berger. Et c’est certainement la raison pour laquelle qu’il
a choisi de naître en cet endroit, dans cette bergerie où il
se révèle d’abord aux simples bergers comme Lui. Dans cette
scène se réalise un double mouvement : car non seulement
Jésus se révèle, mais aussi il est reçu par les bergers
chantant la gloire de Dieu. Cela paraît bizarre à
l’intelligence humaine qui se laisse aveugler par le souci
du pouvoir et de la gloire dans une puissance visiblement
attestée. Mais la naissance de l’Emmanuel dans une bergerie
veut nous enseigner la manifestation d’une force tranquille
qui ne se manifeste que dans la faiblesse et par amour. Le
cœur de l’événement de Noël, c’est de nous montrer comment
Dieu à travers son Fils s’humilie et vient épouser notre
humanité en nous donnant de participer à sa divinité. Et
comme le dira la tradition patristique « Dieu s’est fait
homme afin que l’homme soit fait Dieu ».
Avec saint François de Sales
nous vous proposons de continuer la méditation : « Pourquoi
l'Incarnation a-t-elle été faite ? Pour nous enseigner à
vivre non plus brutalement comme l'homme avait vécu depuis
la chute d'Adam, mais avec et selon la raison. Notre
Seigneur vient en effet nous enseigner l'abstinence et
sobriété des biens, honneurs et commodités de ce siècle, à
fouler aux pieds tout cela pour embrasser le contraire.
Avant l'Incarnation les hommes vivaient ainsi que des bêtes
brutes *, courant après les dignités et voluptés de cette
vie comme les chevaux, chiens et tels autres animaux font
après ce qu'ils appètent. Or, le Sauveur s'est incarné pour
nous enseigner aussi la sobriété spirituelle, qui consiste
en la soustraction et privation volontaire de toutes les
choses délectables et agréables qu'il pouvait avoir et
recevoir en cette vie ; car il se chargea volontairement et
de son plein gré de tous les travaux et tribulations,
pauvreté et mépris qui se peuvent endurer en ce monde. O que
nous serions heureux si nous lisions bien dans ce livre et
que toute notre préoccupation fut d'accomplir la volonté de
Dieu par le renoncement et entière abnégation de la nôtre,
n'ayant d'autre soin que de l'ajuster à la sienne[1]
! »
Si l’incarnation nous enseigne
la pauvreté, l’abandon, le dépouillement, elle nous révèle
également la communion que les humains doivent vivre entre
eux. Puisque le Sauveur en prenant la nature humaine et en
venant habité parmi les hommes visait avant tout un
rapprochement d’avec les humains ; et par-là, la promotion
de l’unité du genre humain qui doit s’exprimer à travers
l’amour, la confiance que nous aurons les uns pour les
autres. Autrement dit, Noël c’est l’ouverture, une dynamique
relationnelle qui écarte tout repli sur soi, l’enfermement,
l’égoïsme. Noël s’inscrit dans un esprit de solidarité, dans
un esprit humaniste et nous incite à découvrir en chaque
être humain quelque chose de Dieu, quelque chose de
nous-mêmes en tant que nous sommes tous créés à l’image et
ressemblance de Dieu.
Puisse l’Esprit de Noël ouvrir
nos cœurs au souffle de la vie parfaite et nous donner de
désirer ce que Dieu désire. |
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